MATTHIJS VERMEULEN

Componist, schrijver en denker

19490309 Donald Van der Meulen aan Matthijs Vermeulen

Donald Van der Meulen

aan

Matthijs Vermeulen

Parijs, 9 maart 1949

Paris le 9-3-49

Cher Miaw, chère Théa,

Une semaine s'est passée sans que j'ai eu la joie de vos nouvelles. Je suis sûr que tout va bien et que ce n'est que le travail qui ne vous laisse pas de temps.

D'un autre côté du monde, d'Autriche la belle-mère nous a envoyé de ces nouvelles cette semaine ainsi qu'un paquet avec toutes sortes de petits vêtements pour sa petite fille qu'elle coud elle-même d'après d'anciens vêtements à elle ou à Trudi. Dans sa lettre elle exprime l'amour qu'elle ressent naître et pour la petite fille et pour la couture qu'elle fait pour son petit ange. Il y avait longtemps qu'elle avait cousu et elle a repris l'aiguille avec tant d'enthousiasme que Clarisse a une garde-robe magnifique. Cette dernière est tellement coquette! une vraie petite femme. Et c'est si beau de voir en ma belle-mère ce dévouement enflammé pour ce petit être blond aux yeux rieurs qui lui rappelle vingt ans plutôt la flamme qu'elle eut aussi pour sa propre fille. Mutti, comme je l'appelle est un être si simple au cœur si confiant et tendre. Un être de ceux qu'on aime simplement parce que ce sont des êtres sans plus que Dieu a mis sur votre route.

Son état de santé est maintenant meilleur. Et son diabète diminue beaucoup. Peut-être viendra-t-elle nous voir au printemps. Serez-vous là par hasard? Comment s'annonce votre voyage?

Entre autres elle me laisse vous transmettre ses salutations dans sa dernière lettre. Elle m'a dit aussi la joie qu'elle eut d'apprendre la naissance d'Odile et me pria de transmettre ses félicitations et ses meilleurs vœux à cette occasion ce que je fais avec un peu de retard mais avec tout autant de fidélité.

Miaw, sais-tu ce que je lis pendant mon voyage sur le chemin de mon travail? Tu ne dévineras pas. "De bello gallico". J'ai repris mon petit bouquin rouge de troisième et lis avec tant de plaisir ce César que tu m'as si souvent dépêtré. Ça me rappelle de bonnes heures. Il t'est peut-être agréable d'entendre que je m'en souviens et que c'est un bon souvenir. Ma mémoire est fraiche et je lis avec facilité. J'ai relu aussi la tempête de l'Enéide ou Enée fait naufrage. C'est beau. J'aime ça – ça parle, ça touche. En somme je me réjouis une fois de plus d'avoir appris le latin. Papa merci.

Hier soir Jupiters Symphonie nous est venue de Hilversum avec la clarté, la tendresse, la justesse qu'on lui doit. C'était beau.

Miaw je t'embrasse bien fort ainsi que Théa et Odile je pense bien à vous et vous souhaite bien heureux tous les trois

De bons baisers de Trudi.

Donald.