Matthijs Vermeulen
aan
Donald Van der Meulen
Amsterdam, 6 september 1949
Amsterdam
Heerengracht 330
le 6 sept. 1949
Mon cher Donald,
Mes chères Trudi et Clarisse,
Bien reçu d'abord ta carte, ensuite ta lettre. Le temps va vite; voilà que presque deux semaines déjà se sont passées depuis votre visite. Elle me semble avoir été très courte, et j'en garde de fort bons souvenirs; Thea aussi, qui vous aime beaucoup, et qui a été contente de pouvoir vous gâter autant qu'il nous était possible, et que les circonstances le permettaient. Car nous sommes des gens qui travaillent toujours! Nous avons même travaillé à Laren! Nous avons lu avec beaucoup de plaisir que vous aussi vous pensez à ce séjour ici avec satisfaction. Si quelques rêves n'ont pas pu se réaliser peut-être, espérons ensemble que cela se fera la prochaine fois!
Je ne me suis pas hâté, mon cher Donald, pour te répondre à ta question au sujet de ta collaboration avec Roland. J'avais à faire mon second article depuis ton départ. Ensuite je me disais: La décision de Roland sera certainement arrivée à Louveciennes avant que je puisse donner une opinion ou un conseil. Aujourd'hui tu sais probablement déjà s'il a dit oui ou non. Si c'est non il n'y a plus matière à réflexion. Si c'est oui je n'ai qu'une chose à te recommander: d'agir dans ta nouvelle situation, qui pourra se montrer de temps en temps plus délicate et plus difficile que peut-être tu ne te l'imagines, − d'agir donc de la sorte (avec tout ton cœur et toute ton intelligence) qu'elle soit et qu'elle reste pour les deux partis la plus commode, la plus agréable et la plus avantageuse. Trudi aussi devra contribuer de toutes ses forces à ce but. Même, et surtout, si Roland par instants serait en défaut... (supposons...) Je ne sais pas si Roland a appris. Je ne connais pas suffisamment sa mentalité actuelle. Ni le caractère de Marcelle. N'oublie jamais que eux aussi doivent trouver en votre association un profit équitable. Ce qui est un peu inquiétant c'est que tu n'entres pas dans son affaire à pied d'égalité. C'est lui qui fournit les fonds. Mais si vous avez tous les deux un vrai caractère de frères, (et Roland a eu toujours un grand penchant pour toi) tout pourra marcher très bien. Et je ne tiens pas pour impossible qu'après dix ans de travaux fraternels, vous pourrez tous les deux vous "retirer" − fortune faite − et arranger chacun la vie à votre guise. Ce ne serait pas si mauvais!! Car vous serez encore jeunes alors.
Mais il faudra une bonne volonté continuelle, même, et surtout, si de l'autre côté la bonne volonté manquerait parfois. Cela peut arriver! Je n'en sais rien. J'y pense seulement.
Je suis très curieux d'apprendre la suite. Tu m'écriras dès qu'il y aura du décidé.
Donc j'avais quand même oublié quelque chose en dernière minute. Ta photo du Dam! Comme c'est difficile d'être toujours attentif à tout!! Je m'en souvenais en voyant s'éloigner ton train. Les voilà dans cette lettre. J'en garde une. Pour mon dictionnaire!
Odile va très bien. Depuis votre départ elle se met toute seule debout et se tient aisément sur ses fesses sans appui. C'est un progrès qui démontre une certaine précocité.
Avec cette belle nouvelle je te laisse! Nous vous embrassons tous les trois avec une affection qui durera sûrement, et pour toi particulièrement mon petit Donald, une bonne accolade de
ton
Thys
Verblijfplaats: Amsterdam, Bijzondere Collecties UvA