Matthijs Vermeulen
aan
Thea Diepenbrock
Louveciennes, 11 juli1946
Louveciennes
11 Juli 1946
Dinsdag-morgen
Mon adorée, ma ravissante, ma Théa,
Geen post van ochtend. Maar je telegram!
Il m'a donné un de ces chocs joyeux qui intérieurement me change en innombrable lumière.
Ik zend je dat telegram. Bewaar het. Breng 't me terug. Het is een kostbaar stuk. Regarde la signature. As-tu jamais vu une signature pareille sous un petit papier administratif? Elle est prodigieuse! Elle me dit ta merveille, Fée Merveille. Une employée de la Poste, en lisant, en écrivant tes mots en a subi la magie. Son cœur s'est mis à rêver. Il a ressenti quelque chose d'extra-ordinaire, de divin. Il s'est dit: Ce sont des paroles que j'aime, des paroles infiniment précieuses. Elles m'ensorcellent. Je voudrais bien les calligraphier de bout en bout, car elles contiennent le bonheur, l'amour, tout le bonheur. L'employée l'aurait bien voulu, mais c'était impossible. Alors elle s'est mise à dessiner ce beau T significatif et naïf, qui vient du fond des âges et des songes, qui possède peut-être, probablement, la vertu de dix, de cent symboles heureux, qui est là comme la clef d'une musique mystérieuse, comme la clef du ciel.
Tu fais rêver et parler comme ça une postière. Et moi, je ne serais pas dans le ravissement?! Je le suis, ma Théa.
Je te dis ma joie de bientôt nous revoir. Ton cœur est dans le cœur, ton âme est dans l'âme
de ton Matthijs,
et, si tu veux, ma bouche
sur ta bouche, mon corps
dans ton corps.
Verblijfplaats: Amsterdam, Bijzondere Collecties UvA