MATTHIJS VERMEULEN

Componist, schrijver en denker

19460310 Matthijs Vermeulen aan Thea Diepenbrock

Matthijs Vermeulen

aan

Thea Diepenbrock

Louveciennes, 10-11 maart 1946

Louveciennes

10 Maart 1946

Zondag (einde van den morgen)

Mon adorée, mon odorée,

(adorer vient d'adorare, porter la bouche vers..., et le nez est si près de la bouche!) Waar ben je? waar ben je? Het is me alsof ik je achternazit, je speur, je vermoed, maar ook alsof ik je niet pakken kan. En waar was je gisteravond? Lag het aan mij dat ik je niet krijgen kon in mijn bereik? Dat ik niet tot schrijven kwam; dat er een isoleerende ruimte tusschen ons bleef. Lag het aan mij? Het is waar dat ik in de volslagenste duisternis zwaar heb moeten zwoegen op de rationeele explicatie der verschijning van de majeur-toonladder in de geschiedenis der muziek. En dat er in zulke eclipsen, wanneer ik alles inspan om tot een lichtje te geraken, niet veel met mij, gehypnotiseerde, valt aan te vangen misschien. Mais je sais bien, si tu avais été là, que j'aurais envoyé tout au diable. Waar was je? Heureusement peut-être que tu n'étais pas là. Want ik zwoeg nog. Dat vindt je bij geen enkelen magister, helder, zakelijk uitgelegd. Allen draaien er omheen, als ratten om een stukje spek dat ze wantrouwen. Ze maken je wat wijs = onwijs. En ik heb weer in cijfers moeten rekenen, waaraan ik den hekel heb, omdat ik achterdochtig ben, omdat de cijfers niet van me schijnen te houden, en ik wel van hen, als 't me lukt, als ze me lukken. Waar was je? L'élan pour écrire cette sacrée histoire n'est pas encore pris. Maar er begint een beetje klaarheid te dagen in mijn brein. Ondertusschen zei ik me voortdurend: Wat heb je eigenlijk met me uitgericht op dien vorigen Vrijdag? Ik ben buitengewoon verlangend de brieven te lezen welke ma grande magicienne, mon adorée me die dagen (ik tel er Donderdag bij) gezonden heeft, om in de radiaties daarvan (zoo mogelijk) een uitleg te vinden voor mijn betooverdheid. Een zoen nu. Je retourne à mon boulot.

's avonds

O Théa, je suis abasourdi, abruti, anéanti par toutes ces notions vaines, vieillotes, rances dont je me bourre depuis le matin. Je te l'ai dit le long de la journée. Mais il était bien pauvre, aujourd'hui, mon dialogue intérieur avec toi. J'espère que demain tu m'enverras une petite étincelle. Un baiser sur ton cœur. Bonne nuit, ma Théa.

11 Maart, Maandag

Ma chérie, cette autre semaine j'avais été choqué profondément aussi par la visite de Roland. Je ne voulais pas te le dire d'abord, parce que cela m'était pénible. En dînant avec nous il nous raconte que là-bas, où il habite, il mange ce qu'il veut, du poulet, du canard, de l'oie, des quantités d'œufs, chaque jour. Et il n'avait même pas pensé à nous apporter un seul œuf! J'ai trouvé ça horrible. Non pas pour cet œuf. Mais pour le caractère que cela dénote. Il a été complètement corrompu, gâté en Allemagne. C'est devenu un type tout à fait dans le genre allemand. Ma fille a caché son beurre afin qu'il n'en mange pas. Je n'ai pas pu faire cela. Peut-être aussi j'ai voulu l'éprouver. Eh bien! Il a bouffé la moitié de ma ration de beurre d'un mois en deux jours! Avoue que c'est affligeant! Et dire que Roland est ce qu'il y a de plus catholique! C'est vrai. C'est même un brave garçon! Mais cela m'horripile. Tout cela c'est misérable. Ecœurant.

Pense aux roses de Bas Prunay quand tu liras toute cette page! Ne dis pas Akelig! Ton vassal, ma suzeraine, est bien obéissant. Mais c'est vilain de sa part de supposer que Théa ne s'en souviendra pas d'elle-même.

Ce matin tes deux lettres du 7 me sont venues dans mes plus noires ténèbres. J'avais vu passer le facteur. Mais il y avait un brouillard assez épais et je ne voyais rien dans la boîte de la grille. J'en perdais presque tout le reste de mon courage. J'allais déjà m'installer, comme je pourrais, dans ce néant. Mais un peu plus tard, ne pouvant y croire, et en regardant mieux, je voyais! C'est peut-être une indication! (Qu'il faut toujours regarder mieux!) Mais voilà comme j'ai besoin de toi! Si je savais seulement que tu as besoin de moi, de la même façon; si tu ressens également cette nécessité intérieure de me savoir, vouloir, espérer, penser près de toi, ne soit-ce par un petit bout de papier. Car s'il n'y a pas cette nécessité intérieure, tout ce qu'on appelle "l'amour" ce n'est que de la blague, du faux-semblant.

Merci de tes deux lettres.

Cela m'a fait sourire cette méprise de confession! J'ai relu ce que tu m'as écrit le 26 févr. Il y avait dix lignes, et c'était présenté d'une manière à n'y comprendre rien, à m'induire tout à fait en erreur. Maintenant je pige. Tant mieux! (pour moi.)

Nous devrions pouvoir nous faire marier quelque part par un petit curé, sans que personne ne le sache! Est-ce possible? Avec plaisir je transgresserai toutes les lois civiles. Mais je crois que cela me ferait de la peine de transgresser une loi de toi, d'avoir l'impression que tu transgresses une loi à toi avec regret, sans enthousiasme. Certainement ce serait une ombre pour moi que de soupçonner chez toi un sentiment de culpabilité.

Nous verrons bien. Je me sais uni, et souvent je me sens uni avec toi dans l'esprit, par cette voie immatériellement matérielle. Que nous soyons à 500 k.m. de distance l'une de l'autre ou à 1/1000 de millimètre? Oui! sans doute! Evidemment! Ça compte. Mais si peu en somme pour le principal, l'essentiel. On verra bien! Tu feras exactement comme tu voudras. C'est écrit. Je ne pourrais même pas faire autrement. Ton désir sera toujours mon désir. C'est encore assez mystérieux. Pourtant la vérité. Je désirerai quand tu désireras. L'étincelle vient de toi. Viendra de toi, ma chérie.

Sur le reste nous causerons encore ce soir. Il faut que je prenne Londres à 7½ heures, puisque j'ai vu qu'il y a van Beinum.

Je t'aime. Eperdûment! Et c'est si nécessaire, si naturel pour

ton Matthijs!

Enfin le soleil, aujourd'hui, que je n'ai pas vu depuis je ne sais combien de jours, ni les étoiles. Et le grand dégel. Jusqu'ici ça n'a dégelé que goutte par goutte. Mais les perce-neige sont encore ensevelis. Comment les reverrai-je? Pour chaque un baiser à ma Théa.

de ma Théa.

Onder 't houthakken voortdurend gedacht aan wat je schrijft over Joanna.

Ik hoop dat mijn liefde altijd is en zijn zal gelijk jij wenscht;

dat ik je door mijn schuld nooit tranen berokken.

die kleine tragedies zijn verschrikkelijker dan de groote tragedies.

Verblijfplaats: Amsterdam, Bijzondere Collecties UvA