MATTHIJS VERMEULEN

Componist, schrijver en denker

19550106 Donald en Janine Van der Meulen aan Matthijs Vermeulen

Donald en Janine Van der Meulen

aan

Matthijs Vermeulen

La Garenne, 6 januari 1955

Lagarenne

le 6/1/55

Cher Miauw, chère Théa

Chère Odile,

Que tout le plaisir la joie de recevoir la gentille image de Noël et du jour de l'An ne m'aient pas fait répondre plus tôt j'en suis fort peiné et vous demande bien pardon en pensant surtout au petit cœur tendre de ma charmante sœur Odile qui n'aura pu s'expliquer ce retard dans la réponse à un geste si touchant.

Odilia, je te remercie beaucoup pour ton beau dessin qui m'a beaucoup plu. Je le regarde souvent en pensant à toi à vous trois. Janine est très fatiguée en ce moment et je dois la remplacer dans le ménage ce qui explique mon retard. Mais nous avons pensé à toi et tu vas bientôt recevoir un beau livre de contes français avec dedans de belles gravures. Un beau livre digne de toi et dont tu prendras soin j'en suis sûr.

Avec un peu de retard donc je vous apporte à tous trois mes meilleurs vœux de bonheur et santé pour cette nouvelle année. Que votre bonheur dure et grandisse, s'il se peut, c'est la meilleure source de santé. Que bien des soucis matériels vous soient évités c'est aussi un vœu que je forme pour vous, en souhaitant vous voir vivre dans l'abondance et la pleine réalisation de vos désirs les plus chers, les plus secrets soient-ils.

Je forme aussi le vœu que Thys puisse cette année revoir sa France, son Paris dans son Île, accompagné de Théa et Odilia. Je souhaite qu'il entre en l'esprit de Thys un désir de retour sur Paris, un désir de reconquête, d'où jaillira une gloire nouvelle. Retour passager, certes, mais première visite dont l'opportunité me semble arrivée.

Aussi je souhaite me rendre à votre rendez-vous prochain pour vous chercher tous trois à Amsterdam et faire par la route le voyage dans la voiture de Janine. Janine nous attendra à Paris bien sûr son état lui interdisant les grands voyages. Tu verras Miaw comme ces petites voitures sont confortables et je voudrais que tu ne fasses pas de souci de ce côté-là. Le voyage est très agréable et si tu acceptes ce point, bien des choses nous serons donné par surcroît par ailleurs. (Pense que la voiture fait l'aller et retour pour 3.000 fs...) Le voyage la dernière fois avec beaucoup d'arrêts nous a pris de Abcoude à 15H jusqu'à Paris 3H du matin donc 12H que l'on peut agréablement repartir dans la journée ou en s'arrêtant chez Roland pour coucher par exemple (il est le point intermédiaire entre Amsterdam et Paris et quasiment sur la route) sur deux journées ce qui serait plus agréable encore. Une fois arrivé à Paris Janine et moi nous vous donnons et installons notre chambre à coucher qui a un grand lit et aura un petit lit pour Odile avec séparation par paravent. La pièce est assez grande pour isoler complètement un lit d'enfant. Nous serons installés dans la salle à manger sur un canapé lit pliant très confortable. L'appartement est très bien compris de sorte que nous ne nous gênerons pas du tout la salle de bains avec les waters, étant à la portée de chacun sans déranger les autres. Vous seriez donc là à 6 minutes de Paris par le train. La gare de Lagarenne est à une minute à pied (C'est une bonne vielle gare Miaw où la vapeur a encore ses droits...) Notre bourse ne nous permettra sans doute pas de vous offrir les repas pendant tout le séjour mais du moins pourrez-vous faire une bonne petite cuisine ainsi les frais d'hôtel et restaurant serait bien réduits, n'est-ce pas? Janine s'est réjoui déjà à l'idée de montrer son piano à son beau-père qui pourrait peut-être en avoir besoin et moi à celle de vous faire partager la douce paix de ce home béni où je voudrais que vous passiez aussi un séjour de détente. Voyons, Théa, une absence d'une semaine, de dix jours peut bien s'obtenir en faisant peut-être quelques articles à Paris? En tout cas vos enfants sont prêts à vous accueillir et à faciliter le plus possible ce voyage.

Pensant éloigner le plus possible les difficultés matérielles, j'espère d'autant plus que le désir de retour sur Paris, dont je parlais au début de cette lettre, en sera plus grand. Je voudrais pouvoir t'avoir en face de moi Miaw, et conclure ainsi: "t'en fais pas tu seras bien soigné, matériellement tu n'auras pas d'embêtements". ... Laissons ça de côté.

Mais j'aimerais pouvoir te dire aussi en réajustant de vis à vis de nos deux fauteuils, "A nous deux! Miaw! Je voudrais que tu sentes qu'il y a ton fils qui t'attend dans Paris. Tu as laissé en France des points qu'il est utile de rallier ne serait-ce que passagèrement, cela pour ton plus grand bien. Tu devrais partir avec le sentiment que tu n'es limité ni dans le budget, ni dans le temps, ni dans l'espace et tu satisferais ainsi le mieux ceux qui t'attendent, et toi-même avant tout, économisant par surcroît le mieux tes moyens et ton temps.

Le motif premier j'ai l'impression est ton livre qui doit paraître à Paris. Puis-je te demander si tu voudrais bien, si tu pourrais, préparer avant ton départ le texte d'une conférence sur ce livre par exemple. Conférence que tu ferais pendant ce voyage ou que tu ne ferais pas, libre à toi, mais la préparer déjà. Ceci me paraît un point important –

C'est du moins ainsi que je vois ce voyage et je serais curieux de savoir ce que tu en penses. Je verrais aussi bien quelques partitions cachées dans tes bagages qui symboliseraient quelques motifs secrets que nous arriverons peut-être à mettre à jour.

En tout cas une réponse affirmative de ta part me mettrait nullement dans l'embarras et me placerait dans une veine de réalisation que je souhaite depuis longtemps avoir pour toi.

J'espère que vous avez passé de bonnes fêtes et que vous êtes en bonne santé. Vos prochaines nouvelles me rassureront.

De notre côté nous avons fêté en famille, réunie de trois côtés, et le bonheur que l'on peut y trouver repose du travail harassant. Janine en est tout de même sortie plus reposée et son état est on peut dire toujours des plus satisfaisant.

Gérard, son frère, a "pendulé" une fille ce qui n'est pas pour la réjouir !

Alors je vous embrasse bien fort tous en attendant de vous en raconter plus long –

votre Donald.

Je joins mes vœux très affectueux à ceux de Donald et vous dis combien je serais heureuse de vous avoir pendant votre prochain séjour en France.

Bons baisers

Janine