MATTHIJS VERMEULEN

Componist, schrijver en denker

19460617 Matthijs Vermeulen aan Donald Van der Meulen

Matthijs Vermeulen

aan

Donald Van der Meulen

Louveciennes, 17 juni 1946

Louveciennes

le 17 juin 1946

lundi-après-midi

sous le thuya

Mon cher petit Donald,

Ce matin ta lettre du 13 et les deux photos de Gertrude. Je commençais déjà de m'impatienter, n'ayant reçu de toi aucune nouvelle depuis mon envoi de fin mai. Gentil de la poste de te faire parvenir cela au jour exact. J'aime beaucoup ces petites "coïncidences". Elles me montrent mieux que les gros lots de la loterie que tout va bien! Surtout parce que c'était mon désir que cela arriverait juste à temps.

Les images de Gertrude sont tout à fait charmantes. Si son cœur est aussi bon que ses yeux et sa frimousse sont attrayants et invitant à la confiance, cela marchera merveilleusement.

Evidemment, il est probable que nous ne nous verrons pas de si tôt. Mais certainement je retournerai souvent en France, et je ferai le possible pour garder cette maison où nous avons de si bons et si chers souvenirs. Je ne sais pas encore comment cela se règlera; l'état dans lequel se trouve la Bicoque n'est pas rassurant et devient chaque mois pire, comme tu dois le deviner. Mais si nous ne nous voyons pas en France qu'est-ce qui vous empêcherait de venir nous voir à Amsterdam? Les voyages ne resteront pas toujours prohibés!

Merci beaucoup pour les sentiments et les mots avec lesquels tu as répondu à ma lettre qui te parlait de mon mariage avec Théa. J'ai été très touché par tes paroles qui sont bonnes et que je sens sincères. – Lorsque je t'écrivais que mes projets rendraient certaines choses plus difficiles je voulais seulement dire qu'en Hollande toi et moi nous serons financièrement coupés, et qu'au cas où cela serait nécessaire (on ne sait jamais) je ne pourrai rien t'envoyer de là-bas, provisoirement du moins.

Pas de nouvelles d'ici. J'ai passé les fêtes en travaillant. Le bouquin est fini; je n'ai qu'à le copier. Mais j'ai commencé ma collaboration à un hebdomadaire ("de Groene Amsterdammer") où j'ai promis d'envoyer chaque semaine un article. J'en suis à mon second. Avec ma bibliothèque, mon éditeur et cet hebdomadaire cela me fait une existence tout à fait honorable. Anny partira d'ici fort probablement au milieu de juillet. Elle va au couvent des Augustines à Angers. Elle t'écrira sûrement un de ces jours.

Ici depuis un mois et plus il ne fait que pleuvoir, froidement. Avant-hier Madame Balou est morte d'une maladie de cœur. C'est la seule chose qui est de ma connaissance arrivée à Louveciennes; ou plutôt partie!

Embrasse Gertrude de ma part; et toi, bons baisers de

Miaou

Verblijfplaats: Amsterdam, Bijzondere Collecties UvA