Matthijs Vermeulen
aan
Nadia Boulanger
La Celle-Saint-Cloud, 6 augustus 1926
La Celle-St Cloud (S et O)
1 Rue de Vindé
le 6 août 1926
Chère Mademoiselle Boulanger,
Je suis profondément touché par votre lettre. Il serait trop mélodramatique d'énumérer à quoi peuvent servir les deux chèques (nous en remercierons encore Mme Branlière) pour les 4 enfants mais soyez convaincue que vous nous rendez un très grand service, dont nous vous sommes reconnaissants de tout cœur. Le plus épouvantable, je crois, est passé. Car plus ça a l'air de s'en aller, le temps de malheur, plus je trouve épouvantables ces cinq dernières années qui vont finir le 8 août. Vous avez souvent dit vos regrets devant l'impossible, mais moi qu'ai-je fait sinon d'attendre que quelque chose d'inconnu s'organise automatiquement? Pouvais-je faire autrement? Et le peu que j'ai fait je n'aurais pas pu le faire sans votre invention initiale, sans votre confiance, sans le réconfort de vos bonnes paroles. C'est sans doute pour être tout à fait 20ième siècle que tout cela se passe sans jamais se parler. Mais il y a un temps pour tout... Le cheval de 18 ans s'est-il déjà changé en auto? Je n'ose plus vous inviter et les déplacements pour nous sont encore très embarrassants tant que nous n'aurons pas de bonne, mais ma femme et moi serions également heureux de vous voir un jour ici; je suppose même les enfants.
Quant aux dates, le plus important c'est qu'il est absolument certain qu'il y aura une date à la S.M.I. et à la Société Nationale. De cela, grâce à votre concours, je crois pouvoir être sûr et je vais l'écrire à Mme Englebert et Mr Neuburger.
Je ne sais pas comment vous traduire les sentiments de ma femme; je pense qu'elle vous écrira un de ces jours. Quant à moi je ne saurais exprimer non plus combien je vous suis reconnaissant.
Matthys Vermeulen
vooralsnog alleen in fotokopie overgeleverd
Verblijfplaats: Amsterdam, Bijzondere Collecties UvA