MATTHIJS VERMEULEN

Componist, schrijver en denker

19570718 Matthijs Vermeulen aan Donald Van der Meulen

Matthijs Vermeulen

aan

Donald Van der Meulen

Laren, 18 juli 1957

Laren (N.H.)

le 18 juillet 1957

jeudi après-midi.

Mon cher Donald,

Ta lettre du 13, arrivée hier, m'a fait grand plaisir. D'abord je me réjouis parce que tu t'es libéré du travail de demi-robot qu'est devenu, provisoirement je pense, presque tout ce qu'exécute la main de l'homme. Pour toi cela a été certainement utile et instructif, mais cela me semblait avoir duré assez longtemps. Ensuite je me réjouis de l'emploi que tu as choisi, ou plutôt la direction que tu as prise. Il demande une vocation, un sens de l'apostolat, que tu as sûrement, qu'il ne faut pas négliger et qui te servira sans aucun doute autant que tu vas servir les autres. Ce que tu racontes de ton examen m'a fortement intéressé. La méthode et les questions posées témoignent d'une hauteur de vue rare, je crois, et en tout cas admirable. Par exemple l'égalité des races. Thème dangereux. Pour moi elle n'existe pas − pas encore. C'est de l'avenir, et de l'avenir nécessaire. Mais pour réussir dans cette entreprise il y a une condition préalable: Il faut que la "race blanche" n'oublie pas sa supériorité. Non pas pour s'enorgueillir ou pour l'exploiter commercialement. Mais afin que les autres races en tirent du profit moral. Car assurément la race blanche possède quelques supériorités indubitables et immanquables. Pour t'en convaincre tu n'as qu'à te remémorer certaines œuvres musicales. Elles sont inégalées. Et ce qu'elles signifient, leur sens profond, est inégalé aussi. Le grand mal de notre temps, à mon avis, trouve son origine dans l'abdication de l'homme blanc, l'oubli des hautes valeurs morales auxquelles il est destiné. Mais ce sujet pourrait nous occuper plusieurs jours. Nous sommes probablement d'accord là-dessus, sur le fond certainement. Aujourd'hui l'homme blanc est en perdition. Il faudrait sauver l'idée qu'il a représentée, qu'il doit représenter.

Bon. J'espère vivement que l'emploi de tes forces que tu as choisi sera bientôt définitif, durable et fructueux pour beaucoup de nos frères disgraciés et malheureux.

En échange de ton brin de bruyère j'ajoute un trèfle de quatre, cueilli cet après-midi avec Odile. C'était assez amusant. Elle n'était pas de très bonne humeur, et plusieurs fois déjà je m'étais moqué d'elle pour la faire marcher. Tout à coup je lui dis: Viens voir, un trèfle à 4. Elle ne me croit pas, et moi je n'avais même pas encore regardé par terre. Et voilà que j'en aperçois un, puis un deuxième, et elle à son tour deux itou. Depuis le mois de mars je n'en avais plus trouvé.

Depuis une quinzaine de jours Thea est en voie de rétablissement marqué. Ce n'est pas encore ça, mais elle avance clairement. Mardi prochain Odile part en vacances avec Anny. Puis elle va pendant dix jours toute seule. Enfin elle partira encore dix jours avec Marie. Ainsi Thea trouvera le repos dont elle a besoin, et quand les vacances seront finies elle aura récupéré ses forces. Odile vient d'avoir un gros rhume avec une toux très bruyante, ce qui n'avait pas été favorable pour sa mère qui a le sommeil extrêmement léger dans une maison où on entend le moindre craquement.

Ma symphonie avance régulièrement. Depuis que j'y travaille je n'ai pas encore eu une journée complètement vide ce qui est une grande chance. Le deuxième tiers approche de sa fin. Souvent le travail est dur, mais toujours à base d'amour et d'enthousiasme. Quoique je craigne mainte fois que je ne fasse de la musique pour l'an 2000, car notre monde doit foncièrement changer avant et afin qu'elle y trouve sa place. N'importe. Espérons que cela arrive. Je fais ce que je peux et ce que je dois, advienne qu'il pourra!

La santé est bonne. Ma vue, qui avait été un peu en baisse, s'améliore régulièrement depuis quelques mois. Je ne pense pas encore à abdiquer, loin de là. L'horizon est libre et large.

Tu dois avoir quelques loisirs maintenant. Si oui, donne-moi de tes nouvelles. Merci de l'intérêt que tu prends à mon travail.

Quand tu écriras à Janine dis lui bonjour de notre part, et aussi aux petits.

A bientôt. Je vous embrasse très affectueusement, et Thea avec Odile de même. Nous vous aimons beaucoup et de tout cœur.

ton

Miaou.

Journée de pluie aujourd'hui. Mais nous avons eu un printemps magnifique. Notre jardin est gentil, et tous nous trois nous y travaillons beaucoup.

C'est le bonheur. Quelle différence avec les années précédentes .C'est inappréciable.

Oui, en 1940, nous avons échoué à la Motte-Beuvron avec la voiture d'enfant!!

louter in fotokopie overgeleverd (de envelop, verstuurd naar Donald op zijn tijdelijk adres in Lamotte-Beuvron en met daarin een klavertjevier in een opgevouwen kladboek-blaadje, is wel bewaard gebleven)

Verblijfplaats: Amsterdam, Bijzondere Collecties UvA