MATTHIJS VERMEULEN

Donald Van der Meulen

aan

Matthijs Vermeulen

Parijs, 31 mei 1949

Paris le 31 Mai 1949

Cher Thys, chère Théa, chère Odile,

Bientôt le 10 Juin [–] j'espère avoir des précisions sur ce jour de ma vie ou j'entendrai une œuvre de mon père pour la deuxième fois. La première je me la rappelle bien à la salle du Conservatoire quoique je fus trop jeune pour goûter tu sonate, je n'en aie pas oublié la couleur. Ça reste. Aussi je veux être présent à Rotterdam, j'attends de toi une adresse, une heure, un jour, auquel je peux te trouver là-bas. Alors Miaw, je compte sur toi pour m'avertir à temps. Mon Dieu que je serai content. Aussi de te voir avec Théa et peut-être Odile? Sinon je la verrai aux vacances n' est-ce pas?

Chez nous tout va bien [–] la fin de mois a été dure mais passée avec bon moral. Nous avons un optimisme jeune qui nous sauve – Au fait l'essai de la remorque a été magnifique et concluant nous avons fait le tour de la Forêt de Marly jusqu'à S^T Nom puis revenant par l'Etang – Marly. Le temps était superbe. La Forêt idyllique. Que de beaux souvenirs de toi dans cette descente qui mène à la gare de S^T Nom avant le petit pont te rappelles-tu? Je vois toutes ces choses comme des choses neuves mais dont je connais l'histoire. Elles me parlent. Trudi était ravie – Du paysage et du moyen de locomotion, Clarisse aussi – Pour moi c'est un peu dur mais ça va. Maintenant la remorque est au garage un pneu s'est coupé juste au retour en arrivant... Les roues sont un peu petites. Et puis nous avons fait un pique nique avec les petits gâteaux salés de Hollande du dernier paquet sur l'herbe en haut du village de S^T Nom près de ce croisement de notre route avec celle de Fourqueux. Le calme était si grand – Le chant des oiseaux si pure. C'est là qu'on entend les murmures de la forêt. Enfin tu le vois nous avons passé un beau samedi après-midi.

J'espère que vous aussi vous êtes sortis avec la voiture et Odile. Le temps doit être aussi beau chez vous.

Oui la route de Bougival je la fais maintenant tous les jours Miaw un peu moine poétiquement sur mon vélo mais enfin je n'en perds rien puisque le soir je la remonte lentement à pied. Les couchers de soleil sur la Seine sont beaux et grands vus de la maison de Bizet. – Cette île en face Bougival a quelque chose de tellement accueillant quand on revient de Paris. C'est un îlot de verdure si fraîche au milieu de cette eau lente et si fraîche aussi. Je donne ton salut à toute cette vallée qui te connait.

Je t'embrasse bien fort ainsi que Théa et Odile et attends de tes bonnes lettres sans impatience comme un fiston qui t'aime bien

Donald.

Bons baisers de Trudi et Clarisse –