MATTHIJS VERMEULEN

Componist, schrijver en denker

19490503 Donald Van der Meulen aan Matthijs Vermeulen

Donald Van der Meulen

aan

Matthijs Vermeulen

Parijs, 3 mei 1949

Paris le 3 Mai 1949

Cher Miaw, chère Théa chère Odile,

Aujourd'hui je commence avant tout par vous écrire: le déjeuner et le bricolage viendront après si temps il reste. Hier soir la joie de ta lettre du 28 Miaw, qui réside en l'exécution prochaine de ta 4e. Je comprends qu'avec cela tu n'aies pas le tempe du m'écrire et ce que j'aurais trouvé dans tes lettres sera certainement à l'audition de ta symphonie (au centuple n'est-ce pas?) Je souhaite de pouvoir l'écouter et te demande de m'avertir seulement au plus tôt du jour.

Oui chez nous tout va toujours très bien et puisqu'il en est de même chez vous réjouissons nous. Clarisse a eu un petit refroidissement par ce temps soudainement plus froid, mais c'est déjà passé et ce ne fut pour moi qu'une joie de plus de pouvoir la soigner (entre autres avec le bon miel de Hollande dans du lait chaud!). Avec cela Clarisse est toujours plus charmante – Le présumé Norbert grandit et se réveille dans le cœur, l'âme, de ses parents. Il est déjà parmi nous et la beauté du processus apparaît de la nature. Le dimanche 1er Mai que nous venons de passer fut magnifique. Rester à la maison pour soigner l'enfant quand dehors le soleil luit et le vent fait rage dans l'arbre immense et beau du jardin, ce sont les joies du foyer auxquelles je m'adonne avec tant de béatitude. Les jours sont longs. La lumière est belle. Les couleurs sont vives – C'est le printemps. La lumière entre dans la chambre et dans l'âme. Yehudi Menuhin joue tendrement le printemps de Mendelssohn [–] un vrai dimanche après-midi de 1er mai!

Eh bien mes chers avec un peu de retard je vous souhaite aussi beaucoup de bonheur, de lumière. Que ces brins vous apportent à tous trois cette chaleur que je puise chez nous trois et qui rend la vie si belle.

Samedi matin 30 avril je voyais pour la 1ere fois un bouquet de muguet que vendait une vieille dame à l'entrée du métro – Je l'achetais en pensant à Trudi. Sur le chemin du travail j'avais le désir de marquer chez nous à l'atelier le jour de cette fête du travail. Pourquoi? je ne sais pas exactement si non que j'éprouvais une joie à cette réjouissance commentaire que je voulais faire. Je demandai au patron si il avait prévu quelque chose avec un sous-entendu qu'il pouvait bien payer quelque chose – Il s'échappa et me laissa entière liberté tout d'abord puis ensuite fît des difficultés voyant que je voulais mettre un peu de solennité (pour ne pas dire panache) au petit vin d'honneur que je voulais offrir à mes compagnons. Finalement nous vidâmes notre verre de "gros qui tâche" au milieu de l'atelier et nous pas au milieu de la cour où un rayon de soleil eût éclairé le brin de muguet que j'eus alors mis au milieu de la table. Enfin le plaisir fut grand (surtout parce que rare et incroyable dans ce milieu) et ce fut une façon pour moi de les remercier de tous les services qu'ils me rendent à gauche et à droite et qui valent plus que les pauvres cinq litres de vin que ça me coûta.

Roland m'a envoyé à moi parrain à distance une belle boîte de dragées à l'occasion du baptême de Marie-France. Tout va bien paraît-il.

Anny ne m'écrit pas en ce moment – je lui ai pourtant envoyé un S.O.S.!

Je suis allé voir le curé Besles dans l'intention de me faire baptiser. Il me parle pendant ¾ h. de ses pieds qui enflent et de son cœur qui ne marche plus assez vite. Le reste de l'heure nous parlons de toi. Je lui ai donné ton bonjour.

Cher Miaw chère Théa je vous quitte en vous embrassant bien fort – Embrassez bien Odile de ma part

Donald.

Bons baisers de Trudi.

Vous ai-je 1 fois transmis les félicitations et les vœux de bonheur de ma belle-mère? Sinon je le fais avec fidélité c.à.d. tendresse.