MATTHIJS VERMEULEN

Componist, schrijver en denker

19590708 Matthijs Vermeulen aan Donald en Janine Van der Meulen

Matthijs Vermeulen

aan

Donald en Janine Van der Meulen

Laren, 8 juli 1959

Laren (N.H.)

le 8 juillet 1959

Drift 45

Mon cher Donald, Chère Janine,

Chers enfants,

Voilà une lettre de toi qui a été beaucoup attendu, mon fiston. J'y réponds illico et me suis mis pour cela dans le jardin. Il fait un temps splendide. Depuis Pâques presque continuellement sec avec un beau grand soleil. Le seul désavantage: il faut arroser tous les jours. Je suis très content.

Je ne veux pas épiloguer sur ton voyage manqué lors de ton anniversaire. Mais je dois te dire quand même que c'est extraordinaire comme on a cru, le 6 et le 7 juin, que tu allais arriver. A chaque bruit d'une 2-chevaux dans les environs, Odile courait sur la route pour te recevoir la première. Et c'est ainsi que les deux journées se sont passées!

Pourtant je pense que tu as bien agi de ne pas venir. Quoique personne ne m'approuvât, j'ai pris la décision par prudence. Je trouvais les risques des deux côtés trop gros, le plaisir et le gain éventuels, trop court, trop mince.

Je déplore que vos deux petits sont si souvent malades. Rien de plus embêtant que ces rhumes etc. qui n'en finissent jamais. Est-ce qu'ils dorment assez? Un corps bien reposé est beaucoup moins vulnérable. Gare aussi aux courants d'air. C'est mauvais.

Odile est venue se mettre avec moi. Te souviens-tu qu'à ta dernière visite en 56, tu lui as fait connaître le papier d'Arménie et que tu lui avais promis de lui en envoyer? Des dizaines de fois elle m'a enjoint de te le rappeler mais j'oubliais toujours. Maintenant elle recommence et me surveille. Donc amène-toi!

Elle part le 15 en vacances, jusqu'au 15 août. La première quinzaine avec Anny, la seconde avec ma sœur. C'est surtout pour la tranquillité dont Thea a besoin, qu'on la laisse partir. Elle va au bord de la mer cette année, et elle s'en réjouit d'avance. Elle a appris à nager ce printemps.

Thea fait encore des progrès. Ils sont lents. Mais cette année-ci il n'y a pas eu de rechûte, tout au plus une menace de rechûte, qui a pu être interceptée.

Il y a des visons aux Pays-Bas mais pour le moment je ne saurais te dire où. On va essayer de trouver une adresse. C'est un métier assez aléatoire, les visons, si ma mémoire ne me trompe. Sans parler de ces pauvres bêtes qui doivent céder leur peau et leur vie à des vaniteuses généralement peu recommandables.

Je travaille régulièrement chaque matinée. L'après-midi je fais, toujours seul, une grande promenade. Le moral est bon. Mais il faut lutter.

Si d'ici là il n'y pas de mécompte, ma sixième symphonie sera jouée l'hiver prochain, probablement le 15 décembre. Espérons toujours le mieux.

Pour vous d'abord un toit au-dessus de la tête. C'est dommage que cela traîne. J'admire Janine. Toi du reste aussi car tu fais sûrement ton possible pour l'aider. Ne t'imagine pas, mon brave Donald, qu'une longue lettre de toi m'encombrerait. Je les ai toujours lues avec joie et un grand intérêt. Si tu as encore des loisirs écris-moi longuement. Cela te fera du bien, je crois. En tout cas dis-moi ce que tu fais, ou ce que tu penses aller faire.

Bien, je viens de relire ta lettre et je ne trouve plus rien à dire. Je voudrais bien te dédommager de ta grosse déception de juin, et je souhaite que l'occasion s'en présente sans trop de retard, car, tu peux en être assuré, je t'aime beaucoup. Et en attendant je vous embrasse tous trois avec tout mon cœur et aussi de la part de Thea et d'Odile,

ton père

Matthys.

louter in fotokopie overgeleverd

Verblijfplaats: Amsterdam, Bijzondere Collecties UvA