MATTHIJS VERMEULEN

Componist, schrijver en denker

19580725 Donald Van der Meulen aan Matthijs Vermeulen

Donald Van der Meulen

aan

Matthijs Vermeulen

Neufchâteau, 25 juli / 29 augustus 1958

Neufchâteau le 25 Juillet 1958.

Cher Miaw, chère Théa, chère Odile,

Comment se passe donc l'été à Laren? J'espère que vous jouissez d'un repos paisible dans les ombres du beau jardin et je vous imagine dans le silence bienfaisant d'une chaude après-midi. Maintenant la symphonie doit être terminée et Thys se laisse aller sans doute avec plus de facilité à un petit farniente.

Je profite de la première heure de sieste que je passe cette année avec mes garçons pour relier ce fil avec le "Nid". Après-midi ensoleillée mais pas tellement chaude. Je circule pourtant avec plaisir en short et bras de chemise.

Vous devez m'accuser de bien de négligence dans la rédaction de mon courrier. Il y a fort longtemps, j'en ai l'impression, que je ne vous ai mis un peu au courant de votre vie. Sachez d'abord que tout le monde va bien. Ce que je voudrais bien aussi savoir de vous. La dernière lettre est celle de l'anniversaire. Combien elle m'a fait plaisir, je ne t'ai pas assez remercié pour elle. Pourtant l'envie ne m'a pas manqué. Je vous ai déjà écrit que je partage mes journées en plusieurs activités, et que les jours sont trop courts pour satisfaire tout le monde. L'Administration, le jardin, le garage, la famille, voilà qui supprime les bonnes heures que je passais avec vous à noircir du papier − Mais voilà que l'Administration me permet de me rattraper et je suis heureux que cette première heure de sieste soit pour vous. En effet le régime d'été instaure la sieste dans notre école et de 13H à 14H30 nous gardons nos ouailles dans un silence presque total. De temps à autre je suis tout de même troublé par des visites, par des rappels à l'ordre pour protéger le silence. Il s'est donc passé un bon mois depuis les dernières nouvelles, un mois de vacances officielles pendant lequel je n'ai pas pris le service. Cela fait rudement du bien d'être éloigné de ces garçons même si ce n'est pas pour un repos complet. Vous savez donc que nous sommes allés à la communion d'une fille de mon beau-frère le masseur de Douai. Nous avons vu Roland et la famille pendant quelques heures. Nous avons vu Paris, Lagarenne, Rueil, Chateaubleau − enfin nous avons élu gîte à Bazoilles sur Meuse petit village qui se trouve à 6 km de Neufchâteau sur la route de Dijon. (Oui au fait vous savez que nous avons revu Val Suzon au cours d'une petite excursion.) Bazoilles est charmant petit village au bord de la Meuse au fond d'un vallon pittoresque à souhait qui a l'avantage d'être à portée de garage et de l'Ecole. C'est ainsi que la reprise de travail est faite sur un ton estivant qui est très agréable

Le 29 Août 1958.

C'est incroyable je poursuis cette lettre avec plus d'un mois de retard. Entre-temps est arrivé le joli petit livre du chien pour Josquin − que c'est gentil d'avoir pensé à cette date. Cela nous a fait très plaisir et Josquin a beaucoup apprécié ce cadeau contrairement à ce que nous aurions pensé. Il ne nous était pas encore venu à l'idée de lui confier un livre! Il est tellement destructeur que nous n'aurions pas osé. Pourtant ce livre là fut bien respecté. Comme quoi la provenance y fait beaucoup!...

Pendant le mois d'août nous avons eu quelques petits embêtements avec les petits enfants mais bien plus encore avec les grands, ceux de l'école, avec leurs envies de se sauver ils nous font passer des nuits blanches à les rechercher. Cette atmosphère de vacances ne leur vaut rien; voir tous ces gens qui défilent sur les routes cela les excite. De ce fait vous pouvez imaginer que le courrier est retardé. Quand la forme n'y est pas je trouve rarement le courage de me confronter avec vous. A vrai dire je ne sais plus où donner de la tête. Qui trop embrasse mal étreint...

Enfin sachez tout de même que l'on pense à vous. Tout le monde vous embrasse bien en vous remerciant bien pour le cadeau. J'y joints mes pensées affectueuses et mes bons baisers Miaw je t'embrasse bien fort.

ton fils Donald.

[naschrift Janine]