MATTHIJS VERMEULEN

Componist, schrijver en denker

19541118 Matthijs Vermeulen aan Donald Van der Meulen

Matthijs Vermeulen

aan

Donald Van der Meulen

Amsterdam, 18 november 1954

Amsterdam

le 18 Nov. 1954

Jeudi soir.

Cher Donald,

Chère Janine,

Ta longue lettre m'a bien ému par endroits. Alors vive Manuel! Ce sera pour juin. Le mois le plus beau. Ton mois!

Comme j'aimerais faire une bonne causette avec toi. Mais je ne peux pas y penser. Il manque le temps. Mon article hebdomadaire me coûte à présent quatre matinées par semaine. Ça va de pire en pire! Je me dois donner un mal fou pour cacher qu'écrire mon article me donne tant de mal. En effet, personne ne s'en aperçoit jusqu'ici. Chacun croit que je fais ça avec plaisir et même pour mon plaisir. C'est une vraie gageure. Thea seule peut se rendre compte de ce que cela me pèse. C'est terrible.

Donc, il ne me reste que le temps pour le principal. Voici: mon passage à Paris est retardé. Probablement il se fera en janvier, ou même en février. Mais je n'ai aucune raison de supposer que le livre ne paraisse pas d'ici quatre ou cinq mois. Je ne suis pas pressé, tu le sais. Je serai content que tu pourras le lire. Il y a beaucoup de choses dedans, des points de vue nouveaux, et je crois que sur la plupart nous serons d'accord.

La vie continue ici comme tu la connais. Je n'ai qu'un vœu: qu'elle dure encore longtemps, très longtemps. La terre est si belle. C'est si bon le bonheur de vivre et d'aimer. Nous nous portons à souhait, sauf qu'aujourd'hui je suis taquiné par une colique. C'est pour cela que Thea est seule au concert ce soir et que je peux te griffonner ces mots. Pour le reste, quant au physique je m'entraine systématiquement et j'ai des résultats. Thea aussi, malgré tout le travail qu'elle fait, va bien. Egalement la petite Odile. Une Citroën comme la tienne dans la rue l'a fait souvent penser à toi. Alors elle me dit: Voilà Donald. C'étaient de bons moments qu'on a eu ensemble, vous et nous en août et en septembre. Ils ont été trop courts. Mais patience. Ils reviendront.

Moi aussi j'ai eu une lettre réconfortante de Roland. Heureusement. Que dire d'Anny? Elle m'inquiète depuis longtemps. Comment faire pour la rendre contente et surtout stable? Je n'en sais rien. J'ai confiance en sa nature, difficilement définissable, mais pleine de bonne volonté. Si elle pouvait fixer sa soif d'amour. Mais elle veut bien en recevoir. En sait-elle donner aussi? Et assez. Sait-elle s'oublier un peu, et suffisamment? J'en doute fort quelquefois.

J'avais comme une idée que cela te réussirait ta maison. Un jour nous nous y promènerons avec vous. Ne laisse pas troubler ton intimité, ton être-à-deux-ensemble. Restez à deux, en attendant d'être à trois.

Voilà pour ce soir. Nous vous embrassons fortement de tout cœur. Nous vous aimons beaucoup. Un double baiser de ton

Miaou

Verblijfplaats: Amsterdam, Bijzondere Collecties UvA