MATTHIJS VERMEULEN

Componist, schrijver en denker

19490706 Donald Van der Meulen aan Matthijs Vermeulen

Donald Van der Meulen

aan

Matthijs Vermeulen

Parijs, 6 juli 1949

Paris le 6-7-49

Cher Miaw, chère Théa

chère Odile,

Comment va? je commence d'abord par exaucer une prière de Trudi avant que je ne l'oublie. Elle tient plus qu'à tout au carton vert qui enveloppait Clarisse lorsque je vous ai envoyé la photo – C'est un cadeau d'enfance auquel elle attache beaucoup de prix parce qu'elle met ses "Zeugnisse" dedans et ma foi elle s'est aperçu de la disparition hier soir et ce fut un sujet à larmes amères. J'espère que vous l'avez encore. Si jamais vous aviez le temps envoyez-le. J'aurais l'impression qu'elle a retrouvé le ciel. C'est curieux comme elle y tient; bien des souvenirs y sont attachés naturellement et pour ces diplômes Trudi a une fierté si jeune et si belle. D'ailleurs sa nature industrieuse et soignée répond à cette fierté. Le goût d'avoir fait ou de faire quelque chose de très bien.

Ce livre dans lequel j'avais mis Clarisse me plait aussi. Je trouve que s'il avait été remplie dûment que c'aurait été maintenant un touchant souvenir. C'est un vrai culte as-tu regardé Miaw? Le jour où je te l'envoyais je tombai sur le touchant côté de ce genre de livre. Je voudrais bien le passer à Clarisse en lui faisant remplir point par point. Peux-tu me donner quelques indications sur l'arbre généalogique qu'il y a à la fin? Naturellement si tu as le temps... et à voir l'arrivage de tes nouvelles...

Clarisse a eu une petite angine dont elle s'est vite remise. Son caractère en sort un peu changé: plus pleurnicheuse et difficile. Enfin j'essaye de la remettre vite dans le bon chemin car je peux supporter ça.

Avec mon vélo j'ai pris une bonne bûche au pied de l'église il y a quelques jours... On avait laissé du gravier dans le virage et j'ai dérapé dans la descente – Il n'y a plus que des traces sur ma peau...

Depuis longtemps nous parlons à Clarisse du "O'papa" mais surtout depuis l'approche des vacances. De mon portefeuille avant-hier se glissait la photo que tu as fait faire en 1927 de toi [–] tu sais une petite photo d'identité. Sans rien dire à Clarisse je lui demandais "où est le O'papa?" et elle de montrer son admiration avec un "da!" amusant et prolongé en même qu'elle te montrait du doigt. "Comment aimes-tu ton o'papa?" lui demandais-je encore et en te serrant contre son cœur elle sourit et pousse un "hum!" explicatif. C'est si mignon de la voir faire! Quand nous nous reverrons je lui demanderais sans plus lui dire où est le O'papa je suis sûr qu'elle te trouvera!

Je voudrais bien voir ça!

J'espère que tout le monde va bien. Bons baisers à Odile et Théa. – Je t'embrasse bien fort et attends de tes nouvelles

Donald.

Bons baisers de Trudi