André George
aan
Matthijs Vermeulen
Gargas, 16 september 1956
Gargas (Haute-Garonne)
16 sept. 56
Cher Monsieur,
Votre livre et votre mémoire préliminaire sous forme de lettre me sont bien parvenus ici – où je travaille tranquillement encore pour quelques jours. Votre nom d'ailleurs ne m'était pas inconnu.
Comme trop souvent, je l'avoue, me voici dans une extrême perplexité pour vous répondre. En pareil cas, je suis un peu accablé sous la confiance excessive que l'on veut bien me montrer, et sous la difficulté d'embrasser un problème trop vaste, que chaque expérience personnelle conduit à résoudre selon la manière propre de chacune. Et puis, et surtout, la vie moderne, notre existence harcelée, ne nous permet plus de passer à de tels examens le temps qui conviendrait. Tout ce qui vient en dehors d'activités déjà trop multiples se place mal dans un temps dévoré.
Très franchement, je ne sais donc que vous dire. Votre essai est sérieux; votre tentative louable; vos commentaires dans la lettre, sont plus que sympathiques: émouvants.
Mais je ne vois guère le moyen de traduire effectivement la sympathie si bien inspirée. Nous essayons tous, (chacun, je le répète, selon son expérience individuelle) de répondre à nos anxiétés, de construire notre œuvre ou d'exprimer du moins ce que nous avons à dire. Je ne crois pas beaucoup aux consultatives comme celle dont vous m'honorez. Je me sens trop incapable de vous répondre utilement, je suis trop tâtonnant, incompétent moi-même.
Pardonnez-moi, cher Monsieur, de vous décevoir d'autant plus que vous aviez fondé trop d'espérances sur mon humble personne. Veuillez du moins, je vous prie, croire à l'expression très sincère de mon estime,
André George
Verblijfplaats: Amsterdam, Bijzondere Collecties UvA