MATTHIJS VERMEULEN

Componist, schrijver en denker

19491020 Donald Van der Meulen aan Matthijs Vermeulen

Donald Van der Meulen

aan

Matthijs Vermeulen

Parijs, 20 oktober 1949

Paris le 20 octobre 1949

Papa chéri! viens que je te raconte comment mon fils au monde est venu!

Chère Théa, chère Odile,

un fils, notre vœu le plus cher nous est venu. Comment vous dire la joie qui nous possède Trudi et moi. Rien n'égale notre bonheur: nous avons trouvé notre "Nobby"! et maintenant nous ne désirons plus rien quant à ce domaine....

Dimanche dans la nuit Trudi ressentait des douleurs faibles mais régulières. Au matin nous décidâmes de tout préparer pour le départ à Garches, pour la maternité – Je téléphone au "Corbeau" qui nous avait offert de nous conduire en voiture mais il est parti déjà. Jacques Battedou avec son camion cinq tonnes nous propose ses services [–] nous acceptons et partons avec Clarisse vers Garches. Là, la sage-femme hésite nous propose de nous en retourner. Evidemment elle voudrait bien avoir son dimanche... Je décide que Trudi doit rester. Nous la laissons dans une jolie petite chambre très propre et claire où elle peut se reposer. Dans l'après-midi je reviens la voir mais sans Clarisse, puisque c'est interdit. Les douleurs ont cessé pendant quelque temps puis ont recommencé. Je la quitte au soir sans rien avoir de neuf. Le ciel est noir au loin chargé de nuages – Un orage éclate dans la région. Il pleut à torrent. Dans la nuit le vent souffle. Au matin aussi mais le soleil est levé et luit radieux. Le vent donne de la force dans l'air. Quand j'arrive à la gare il est exactement 8H 35m. J'ai raté un train en coulant donner les soins que Clarisse réclamait. Tant pis j'ai le temps: pour traverser les voies je prends le chemin au bout du quai comme nous le faisions toujours Miaw. En descendant l'allée de sable une bourrasque s'engouffre dans la gabardine bleue. Ça siffle aux oreilles et le soleil luit si beau. Je pense à Trudi et à l'être que nous attendons. Peut-être y a-t-il du neuf? "Mon Dieu! que ce matin est beau et convient à un mâle! Ah! oui il faut que (ce) soit un mâle." De même que l'on entend en le reconnaissant un thème que l'on rattache à son auteur, de même, en sens inverse je désirais de toutes mes forces rattacher cette créature attendue à ce thème si beau, si virile que j'entendais, ressentais, dans la nature à cet instant...

Concordance imaginée ou pas j'apprenais à 11h (après avoir cherché dans différents bureaux du travail) sur le seuil du garage par mon patron qui justement se tenait là "Van der Meulen vous avez un fils!" (Je compris tout d'abord - m'attendant à une réprimande - j'étais un peu en retard - "vous avez un fixe!!!") Réalisant avec peine toutes les situations je ne croyais pas en ce bonheur déjà! Il n'y avait aucun détail avec. Plus tard j'appris qu'il naquit à 8H 45 –

Faisant immédiatement demi tour je retournai à Garches et appris que tout le monde se portait bien et Trudi et Norbert qui faisait 3kg 560. Quoique l'accouchement fût par le siège il ne fallait que se réjouir des événements. Pas d'hémorragie excessive, tout fut rapide sans de trop grandes douleurs. Trudi montra un courage et un sang-froid remarquable ce qui mena tout à bien. Et depuis j'ai examiné ce petit être goulu déjà qui boit le lait de sa mère avec satisfaction visible. Une petite tête ronde avec pas mal de cheveux, des yeux bleus comme le père une bouche bien prononcée comme le papa aussi plutôt long à ce que l'on peut juger – Une belle voix qui s'apaise aux manifestations d'amour du père! Il écoute et regarde déjà bien attentivement. Tu vois, Miaw je vais avoir bientôt un sourire aimé de plus autour de moi.

De nous "quatre" de bons baisers en pensant bien à vous.

Donald.

Clarisse est chez Mme Battedou qui me soigne aussi. Peux-tu, Miaw, lui écrire un petit mot elle est si gentille avec moi et fait tant pour nous? Ça lui fera plaisir.