MATTHIJS VERMEULEN

Componist, schrijver en denker

19470700 Matthijs Vermeulen aan Roland de Candé - concept

Matthijs Vermeulen

aan

Roland de Candé

 

Amsterdam, juli 1947

 

Cher Monsieur de Candé,

J'ai le plaisir de vous adresser ci-jointe, ma réponse au questionnaire que vous avez eu la bonté de m'envoyer le 23 juin, en vue de la publication projetée d'un Annuaire international des Compositeurs contemporains. Je m'excuse du retard que j'ai mis à acquiescer à votre aimable demande; il n'est dû qu'aux exigences d'une saison musicale qui ne voulait pas finir. En ce qui concerne mon texte je vous prie de me pardonner la liberté que j'ose prendre de me confier à vous pour y enlever les solécismes et autres fautes d'orthographe qui y traînent peut-être encore. Mais quoique vous en fassiez, je vous serai très obligé, si vous voulez m'inscrire dès à présent pour un exemplaire de votre Annuaire, que j'aimerais recevoir le plus tôt possible, car il ne peut devenir que très utile et extrêmement intéressant.

Veuillez agréer, cher Monsieur de Candé, l'assurance de mes sentiments les plus dévoués

MV

 

Vermeulen, Matthys, Heerengracht 330, Amsterdam.

Né le 8 février 1888, à Helmond, province du Brabant, Pays-Bas. La famille et le milieu n'ont exercé aucune influence, sinon négative, sur son orientation vers la musique. Dans sa jeunesse il n'apprit à jouer d'aucun instrument. Il avait quatorze ans lorsque dans une abbaye de Prémontrés, où il faisait des études, un moine lui a enseigné le solfège et le contrepoint selon les méthodes du moyen-âge, méthodes qu'il croit encore les plus efficaces et les plus favorables à une formation musicale complète. Quatre années après il est parti à Amsterdam pour apprendre la musique contemporaine. Tout en gagnant difficilement sa vie, il y a reçu des leçons particulières gratuites de Daniel de Lange, directeur du Conservatoire, son maître réel. En 1908 il a débuté dans la vie publique comme critique musical de différents journaux et périodiques. Cette fonction l'a amené à faire la connaissance de son maître spirituel, Alphonse Diepenbrock, le premier véritable compositeur que la Hollande ait produit depuis la mort de Sweelinck. Parce que son activité avait été toujours de nature combattive, ce qui devait encore s'accentuer pendant la première guerre mondiale lorsque le conflit entre deux civilisations devenait ouvert, sa position polémique rendait impossible ou très précaire l'exécution de ses œuvres. En 1921 il est allé se fixer en France. Il y a trouvé plusieurs amitiés durables et instructives, entre autres celles de Jean Marnold, et de Henry Prunières. Mais là c'étaient les conditions économiques qui ont entravé la divulgation de ses compositions orchestrales. Une compréhension très intelligente et une large hospitalité artistique ne lui ont jamais manqué en France, quoique des chefs d'orchestre comme M. Serge Koussévitzky et M. Pierre Monteux aient jugé sa musique trop moderne et même injouable. Sa troisième symphonie, condamnée comme telle, qui date de 1922, a été donnée en première audition à Amsterdam sous la direction de M. Edouard Van Beinum, en 1939, peu de mois avant la dernière guerre, et sans autres difficultés. Néanmoins, les diverses circonstances qu'il a rencontrées en France l'ont obligé à interrompre pendant longtemps presque tout travail musical et à accepter la situation de correspondant à Paris pour un journal des Indes Néerlandaises, métier absorbant qu'il a fait pendant quatorze ans. La deuxième guerre mondiale ayant coupé toutes les communications et toutes les issues, il a pu se remettre à la musique. En 1946 diverses raisons l'ont conduit de nouveau à Amsterdam où le climat artistique entre temps avait bien changé et où il continue sa vie de critique et d'écrivain.

Il n' a jamais été affilié à un groupement musical.

En Hollande il a publié quelques recueils d'essais, entre autres Les deux Musiques (1918) où il entreprend de prouver la primauté historique de la musique française. En France il a collaboré au Courrier Musical. Actuellement deux livres sont à l'impression pour paraître cette année à Amsterdam. L'un a pour titre Principes de la musique européenne. Le second: L'Aventure de l'Esprit et la place de l'Homme dans cette Aventure.

Les grandes lignes de son esthétique peuvent se réduire à ces points de vue: Suprématie de la mélodie. Nécessité primordiale de créer une mélodie de type moderne, qui exprime l'âme l'homme moderne. Ne rien rejeter qui était essentiel dans les époques passées. Mais rejeter résolument tout ce qui a été accidentel et temporaire dans l'histoire. La musique est une science exacte. Utiliser à fond toutes les acquisitions dans le présent de cette science. Pas de système dodécaphonique ou autre. Mais abolition totale de la fonction tonale. Une architecture de conception psychologique donc logique, sans aucun formalisme, aucun académisme. Rien d'appris; une découverte continuelle. Partout et avant tout la mélodie moderne qui suscite sa propre harmonie. Un seul but: expression, traduction vivifiante d'émotions humaines.

Il a composé:

a) pour orchestre: cinq symphonies 1914, 1919, 1922, 1941, 1945) chacune d'une durée d'une demi-heure environ, sauf la cinquième qui dure à peu près cinquante minutes; jusqu'ici la troisième seulement a été jouée.

Un prologue symphonique pour De Vliegende Hollander (Le Hollandais volant) drame de M. Nijhoff, exécuté en 1930, pendant les fêtes de l'Université de Leyde. Durée 20 minutes.

b) pour ensemble de musique de chambre:

Une première sonate pour piano et violoncelle de 1918; première audition en 1919 à Amsterdam par Evert Cornelis et Thomas Canivez; parue en 1926 aux éditions Maurice Senart. Durée environ 23 minutes.

Un Trio à cordes de 1923. Première audition en 1928 à Amsterdam par le Trio Dick Waleson. Durée environ 27 min.

Une Sonate pour piano et violon de 1924. Pas encore jouée. Durée environ 25 minutes.

Une Deuxième Sonate pour piano et violoncelle de 1938, dont une partie a été donnée en première audition à Paris par Lia Palla et Paul Tortelier en 1943. Durée environ quarante minutes.

c) pour voix de mezzo-soprano avec accompagnement de piano:

En 1916 The Soldier; sonnet de Rupert Brooke.

En 1917 La Veille, fragment du Poême de la Tranchée, de François Porché. Durée dix minutes. Première audition en 1919 à la Haye, par Berthe Seroen et Evert Cornelis. Orchestrée en 1929 [moet zijn: 1932]. Exécutée dans cette version en 1936 par la Radio Suisse. Chant Mme Charles Faller. Chef d'orchestre Hans Haug.

Les Filles du Roi d'Espagne, poésie de Paul Fort. Durée 8 minutes. Première audition en 1920 à Amsterdam par Berthe Seroen et Evert Cornelis.

En 1943: Trois Salutations à Notre-Dame. Durée une vingtaine de minutes.

En 1944: Le Balcon, poème de Charles Baudelaire. Durée onze minutes. Première audition en 1946 à Paris par Noémie Pérugia et Lia Palla.

La première sonate pour piano et violoncelle a été enregistrée par les Radios française, suisse et hollandaise, mais les disques ne sont pas dans le commerce.

A l'édition des Œuvres Complètes de J.B. LulIy, publiée sous la direction de Henry Prunières, il a collaboré avec la réalisation de la Basse Continue de Cadmus et Hermione, tome I des opéras, paru en 1930 aux Editions de la Revue Musicale à Paris.

 

Verblijfplaats: Amsterdam, Bijzondere Collecties UvA