MATTHIJS VERMEULEN

Componist, schrijver en denker

19300321 Henry Prunières aan Matthijs Vermeulen

Henry Prunières

aan

Matthijs Vermeulen

Parijs, 21 maart 1930

Paris, le 21 Mars 1930

Cher Monsieur Vermeulen,

Si vous m'aviez dit tout de suite que les variantes s'arrêtaient à partir du 2e acte on n'aurait jamais songé à vous les réclamer... Les variantes du 2e acte sont en effet depuis déjà longtemps chez le graveur, qui 'attendait toujours la suite pour s'en servir. Je vais lui téléphoner à are sujet.

Ne croyez pas un instant que je vous fasse des reproches sur la manière dit vous avez effectué le travail qui, dans l'ensemble, est une admirable chose. Je suis seulement désolé de ne pas m'être entendu avec vous au préalable (c'est la faute de la maladie) sur la rareté, à mon avis nécessaire, des-mouvements, nuances, etc... car cela m'oblige à faire effacer une quantité considérable de signes qui vous ont coûté beaucoup de mal inutilement et dont la suppression entraînera pour moi de gros fraise.

Je vous avoue que, avant de prendre une décision définitive à ce sujet, j'ai cru bon de consulter quelques uns des plus éminents musicologues français, notamment M. Lionel de la Laurencie et que tous se sont trouvés d'accord que une publication comme celle-là il était impossible de laisser les signes de soufflets, les nuances, etc... De la sorte, pour les opéras futurs cela vous donnera beaucoup moins de mal.

En ce qui concerne la question que vous m'aviez posée dans votre lettre précédente, j'aimerais bien en parler de vive voix avec vous. Vous n'avez pas-oublié que l'œuvre que nous entreprenons est une œuvre qui n'a aucun caractère commercial en ce sens qu'elle est vouée fatalement à un très important déficit. Le généreux mécène qui m'a engagé dans cette publication consentira-t-il à m'aider jusqu'au bout? C'est le point qui reste douteux pour moi, ce qui est certain c'est que nous pourrons marcher plusieurs années ainsi et qu'ensuite c'est bien le diable si je ne trouve pas quelqu'un pour m'aider, mais l'œuvre n'est pas viable par elle-meme et nous vendons les volumes au-dessous du prix de revient.

Bien entendu, votre nom figurera sur chaque volume auquel vous aurez collaboré, la question ne se pose même pas.

Je vous avoue qu'en vous payant 5.000 Fr par volume, comme vous me l'avez demandé, ce qui est peu, eu égard au gros travail que vous avez fourni, mais ce qui est beaucoup si on considère nos ressources, je comptais que vous abandonniez tous droits d'auteur sur votre réalisation au point de vue édition. Il est possible, en effet, que je puisse tirer parti de quelques morceaux détachés soit pour un recueil d'airs choisis de Lully, soit pour une vente séparée et le bénéfice de cette vente irait à l'édition Lully, cela nous aiderait à joindre les deux bouts.

Bien entendu, s'il s'agissait de représentations théâtrales la question serait toute différente, mais d'ailleurs, il ne serait pas possible de représenter les œuvres de Lully sans les faire orchestrer et dans aucun contrat passé entre vous et moi il n'est question de travail d'orchestration.

Je ne désespère pas que l'on tente de monter un opéra de Lully, mais ce ne sera pas encore tout de suite. Le résultat lamentable de l'essai tenté par Rouché sur mes conseils de donner le ballet du "Triomphe de l'Amour", n'est pas fait pour encourager let Directeurs... C'est-toujours la même choses, ils suivent à moitié les conseils et ne veulent pas aller jusqu'au bout en faisant les choses avec la franchise nécessaire.

Si vous êtes d'accord sur ces points je pourrai dès maintenant vous confier la partition d'Alceste pour que vous puissiez y travailler cet été tranquillement, sans la précipitation et les à coups de cette première réalisation. Il faudra, en effet, qu'Alceste paraisse sans faute au mois de Janvier prochain.

Veuillez agréer, cher Monsieur Vermeulen, l'assurance de mes sentiments les plus cordialement dévoués.

H Prunières

Verblijfplaats: Amsterdam, Bijzondere Collecties UvA