MATTHIJS VERMEULEN

Componist, schrijver en denker

PRÉLUDE DES ORIGINES voor bariton en piano (1959)

1959, op tekst van Georges Ribemont-Dessaignes

Vermeulen was al geruime tijd op zoek naar teksten voor het schrijven van een liederencyclus waartoe het Ministerie van OK&W hem in 1957 opdracht had verleend, toen hij op 21 maart 1959 in de bundel Ecce homo van Georges Ribemont-Dessaignes (1884-1974) op Prélude des origines stuitte. Direct in de openingszin van dit lange gedicht in vrije verzen wordt de vraag naar de oorsprong van het kunstenaarschap gesteld: "De qui est-tu né, poète?" Er volgen suggesties als: ben je geboren uit de wind, de nacht, het vuur, of de aarde, steeds met poëtische evocaties van deze natuurverschijnselen. Met de slotregels "Oh muette soit la question qui se pose! Frères, je suis, mais je ne suis pas né." lijkt Ribemont-Dessaignes te wijzen in de richting van een goddelijke, metafysische oorsprong, een gedachte die Vermeulen zelf ook koesterde. Hij noemde het gedicht "een kort epos, behandelend het onderwerp dat door Malraux getypeerd is met de woorden la condition humaine, maar veel dieper doordringend tot de essens van de kwestie".
    Het werd een grootschalig lied voor bariton en piano, met de voornaamste kenmerken van Vermeulens vocale werken: syllabiek in de zangstem, chromatiek in beide partijen en een grote afwisseling in de aanpak van de instrumentale begeleiding die enige malen een contrapunt van verschillende onafhankelijke melodieën laat horen. Woorden als water en vuur gaven de componist aanleiding tot toonschildering in de pianopartij. Vermeulen voltooide Prélude des origines op 27 oktober 1959.
    Hij overwoog andere delen uit Ecce homo toe te voegen, hetgeen zou resulteren in een stuk dat mogelijk een hele avond zou duren. Dit plan werd niet gerealiseerd, onder andere vanwege Vermeulens werk aan het Strijkkwartet.
    Vermeulen nam Prélude des origines niet op in de cyclus die hij later bij het Ministerie indiende (Trois chants d'amour), maar beschouwde de compositie als een zelfstandig lied. Onduidelijk is waarom hij er geen netschrift van maakte en het niet aan executanten aanbood.
    Verscheidene jaren na Vermeulens dood heeft zijn dochter Odilia er een netschrift van vervaardigd. De eerste uitvoering – door Charles van Tassel, bariton en Marien van Nieukerken, piano – vond plaats op 13 februari 1983 in Odeon te Amsterdam.

Prélude des origines

De qui es-tu né, poète? Du temps et de l’espace,
Sans commencement ni fin,
Sans père ni mère,
Comme une source au jardin des origines,
Demande-t-on quelle est sa naissance?
Et cette eau qui sourd de la fin première,
O fontaine de la mémoire, fontaine du grand centre
De la terre,
Es-tu née, toi aussi, qui coules sur les cailloux blancs du souvenir,
De ce qui était sans être, avant le savoir
De l’existence?

Te voici volute enroulée comme une couleuvre
Délovée en marée amie du soleil et de la lune
Et bientôt retirée sous la main qui se baigne
Et le pied qui s’aventure
Pour marcher sur les eaux.
De qui je suis né? Du vent peut-être,
Du grand vent sans trêve ni domicile,
Né lui-même des horizons que jamais n’atteignent
Ni la main fardée de flatterie,
Ni le pied du voyageur qui pour les mieux apaiser
Déguise sa marche en danse et sa danse en vol,
Du grand vent à la crinière de cavale,
Aux doigts de feuilles mortes,
Au cri d’oiseau migrateur,
Au sommeil sans repos dans l’ombre des cheminées,
Au regard de fumée,
A l’amour cruel des soleils d’été
Dans les grandes vallées,
Séchant le sang des meurtres et les larmes des deuils
Sur les pierres, sur la sueur et la poussière…

Ou peut-être es-tu né de la nuit ou du feu?
Il est vrai que j’ai vu les troupeaux de la transhumance
Dormir sur une place aux ténèbres de paix,
Tandis qu’aux coins sombres abandonnés par les hommes
Resplendissait l’infime miracle des vers luisants.
Il est vrai que j’ai vu sur les bancs de la solitude,
Sous le lent virement du zodiaque,
Se nouer les mains, se mêler les souffles
Et s’ouvrir des cœurs d’où tombait goutte à goutte
Une plainte déchirante et divine.
Il est vrai que j’ai vu danser le feu à la pointe des herbes,
Courir sur les collines et jouir des mystères en fuite,
Veiller comme l’amour sous le souvenir
Dans l’âtre du silence,
Et j’ai respiré avec ivresse les cendres d’un univers en transe
Tordu dans les délices du suicide et les délires
Jaillis de son souffle avec la flamme qui le dévore
Et dont il nourrit sa faim de trônes, de contrées et de sang
Jusqu’à ce que, seul, il vomisse ses os, la ponce et le soufre
Et la cendre de sa puissance,
Il est vrai aussi que dans quelque eden de l’insouciance
J’ai vu dans les parfums nocturnes s’allumer les lucioles,
Feux follets de l’absence et du manque,
O rêve nonchalant où rejoindre à doux cris le silence.

Mais peut-être suis-je né de la terre,
Suis-je sorti entre les jambes de la terre,
Comme une herbe, un grillon, une pierre,
Comme un écho jadis oublié dans un puits
Et germant tout à coup quand monte la sève
Et s’exhalant, soupir promis à la rosée,
Virtuelle liane aspirée par les étoiles
Hors de ton sein, poids de mon cœur, ô ma terre.
Mais voici que je me balance entre deux forces
Et danse comme un éphémère
Pour un jour éternel,
Pour l’amour éternel,
Comme un joyeux et léger éphémère
Pour la vie éternelle,
Pour la mort éternelle.
Oh muette soit la question qui se pose!
Frères, je suis, mais je ne suis pas né.